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Voici quelques contributions récentes.
La mobilisation des éléments des terres rares (ETR) dans les écosystèmes aquatiques devrait augmenter considérablement en raison de l'intensification de l'exploitation, de l'érosion et du changement climatique. Par conséquent, une plus grande attention a été accordée à l'étude de leur devenir dans l'environnement. Cependant, notre capacité d'évaluer les risques de contamination dans les organismes d'eau douce demeure limitée en raison du manque de données sur la composition et l'accumulation des ETR. Pour comprendre comment les organismes bioaccumulent les ETR, il faut connaître leurs conditions environnementales, leurs voies d'exposition et leurs caractéristiques écologiques , domaines que peu d'études ont explorés. Dans cette étude, nous avons examiné le devenir des ÉTR dans les compartiments abiotiques (eau, sédiments en suspension et sédiments) et biotiques (invertébrés et poissons) dans le fleuve Saint-Laurent (Canada), en identifiant les principaux facteurs de leur accumulation et de leur composition relative. Les résultats concordaient avec la biodilution des ETR le long de la chaîne alimentaire, avec des concentrations plus élevées dans les sédiments en suspension (ETR = 76,1 à 241,4 μg g−1) et en vrac (ETR = 4,2 à 204,2 μg g−1). Des concentrations plus élevées ont été observées dans les sédiments à grain fin, avec un enrichissement relatif dans les ETR moyens, probablement en raison de l'adsorption des ETR sur les minéraux contenant du Fe ou du Mn. Les invertébrés non prédateurs ingérant des sédiments en suspension, comme les éphéméroptères et les larves de diptères, présentaient des concentrations plus élevées d'ETR que les espèces filtreuses (c.-à-d. moules, polychètes) et les poissons. De plus, certains amphipodes présentaient des concentrations anormales de gadolinium (Gd/Gd∗ = 5,7, 2,6 et 2,0), provenant peut-être d'activités anthropiques près de l'île de Montréal. Alors que les poissons n'ont bioaccumulé que des ETR légers dans leur foie, de multiples modèles de régression ont révélé comment leur longueur et la concentration d'ETR dans l'eau environnante – sous forme dissoute ou sous forme d'ions libres – influaient sur leurs concentrations. Enfin, les espèces benthivores comme Moxostomaspp. et Ictalurus punctatus ont accumulé plus d'ETR que les Piscivores Sanderspp., reflétant les différences dans le comportement alimentaire et le niveau trophique. Dans l'ensemble, ces résultats donnent un aperçu de la façon dont les concentrations et les compositions d'ETR variaient d'un organisme à l'autre, probablement en raison de différences dans les conditions environnementales et les caractéristiques écologiques.
Un verdissement et un réchauffement notables de l'Arctique et du Subarctique en raison des changements climatiques ont des implications incertaines pour le cycle mondial du mercure (Hg). Les manteaux neigeux sont des réservoirs dynamiques de mercure sensibles au rayonnement solaire et au pompage du vent, la couverture végétative pouvant modifier la photochimie du mercure. Toutefois, l'impact du verdissement nordique sur la transformation des principales espèces de mercure et sur les stocks de mercure demeure mal compris. L'échantillonnage temporel de la neige et des snowpits de surface a été effectué sous des auvents d'arbres et des sites de toundra ouverte à l'écotone de la toundra boréale au Nunavik, au Canada. Des concentrations maximales (moyennes) de mercure total (HgT) de 69,1 ng/L (8,8 ng/L) et de mercure réactif (HgT) de 46,9 ng/L (5,5 ng/L) ont été mesurées dans la neige de surface des forêts, les maximums ayant été attribués à des épisodes rapides d'oxydation atmosphérique. D'importantes réductions post-sédimentationnelles ont été enregistrées dans la baie, la toundra et la forêt (67 à 99 % de HgR) et ont suggéré qu'une plus grande séquestration du mercure pourrait se produire sous les auvents des arbres. Des concentrations croissantes de méthylmercure (MeHg), de HgT et de carbone organique dissous (COD) ont été détectées à travers un gradient de végétation se déplaçant vers la matière organique de type humique. Notamment, les profils de profondeur printaniers présentaient une accumulation d'environ 12 fois plus importante de HgT sous les auvents des arbres par rapport à la toundra ouverte (p < 0,01), avec des stocks jusqu'à 16 fois plus élevés (HgT, MeHg, DOC) à une densité de végétation élevée (p < 0,05). Dans le Nord, l'augmentation de la couverture végétale et le réchauffement de la surface peuvent favoriser l'accumulation et la méthylation du mercure dans les manteaux neigeux, facilités par les interactions avec la matière organique et encore enrichis par la réduction de l'exposition au vent et au soleil sous les auvents forestiers.
Les poissons et les mammifères marins constituent une partie importante de l'alimentation traditionnelle de nombreuses communautés autochtones au Canada. Ces animaux accumulent parfois des éléments essentiels ainsi que des niveaux élevés de métaux toxiques. Nous avons évalué expérimentalement comment les changements de température de cuisson (23 à 99 °C par ébullition) modifiaient les concentrations élémentaires dans les muscles du corégone et le foie de phoque gris (deux organes couramment consommés dans certaines communautés nordiques). Les concentrations élémentaires humides et sèches ont changé linéairement en fonction de la température, et deux tendances ont été observées : le méthylmercure, le sélénium et les éléments des terres rares avaient tendance à rester associés aux aliments pendant la cuisson, tandis que les alcalis, les métaux alcalino-terreux et l'arsenic étaient transférés de manière significative aux jus de cuisson. Les bilans massiques indiquaient que la spéciation du mercure était stable pendant la cuisson. Parce que les éléments se comportent généralement de manière similaire à ceux de leur groupe de tableaux périodiques ou de leurs classes écotoxicologiques (A, B, intermédiaire), nous proposons que le comportement élémentaire pendant la cuisson est en partie fonction de l'affinité chimique, et cette relation peut être utilisée pour prédire le comportement des éléments pauvres en données de préoccupation émergente, tels que les éléments critiques pour la technologie. De plus, les augmentations et les diminutions marquées des concentrations d'éléments pendant la cuisson (p. ex. -14 % As et +39 % Se chez le corégone ; −22 % Cd et +55 % Hg dans le foie de phoque, sur la base du poids humide) devraient être prises en compte lors de l'évaluation du risque, car les modèles d'exposition actuels ne tiennent généralement compte que des concentrations élémentaires dans les aliments crus.